Wednesday, May 13, 2020
Tuesday, May 12, 2020
Barricade Ô Barricade !
Barricade Ô Barricade !
Mes poings renégats disjoignent
l’anatomie de tes planches
Les aurores de cascade je lis sur ta grimace
magistrale
Les stigmates d’une vénusté violentée
Où s’inscrivent sporadiquement nos lamentations
abasourdies
Quelles sagas
sillonnent les senestres des adolescentes qui dorlotent leurs coquins
Vertes jeunesses que leurs fripons
serrent contre les barricades ?
Créatures nattant les ruses qui ligotent
d’autres individus
Devant d’autres barricades ?
Simulacre pourpre du masculin que tu étaies
Pour satisfaire lequel de ces
exotiques
La canine de gavial en ta goule
Griffe la barricade ?
J’ai l’opportunité de planter mes serres
dans tes ais dociles
Là où je suis il y a des barricades
que l’on érige comme des décors fragiles
Barricades barricades
Que l’on recouvre de fresques
suintantes
Là où je vis il y a le peuple de
l’envie brûlante
Il y a la barricade dressée que l’on travestit avec
des immondices
Ecran entre les humains la Barricade est
son nom
Je ne t’abhorre pas bannière mais je
sens ces débandades étoffées par le combat
Tandis qu’à force de répétions tu
sabres mon râble discipliné
Aux Barricades !
De quel trouble cadavéreux suis-je fautif
en cette noirceur violine au fumet d’agrume ?
Mes reins exténués de télescopages de pieux
secrets souffrent
Le halage dorsal augmente
Je suis victime de la palissade
Je suis fautif de mon carambolage solitaire
Je ne suis pas le tagueur qu’il lui
faut
Je ne suis le tagueur de personne
Mais je suis enchaîné à la barricade
Je contemple la jeune jouvencelle étrangère
silencieuse qui se meut
Avec des mouvements bizarres
Je la connais parfois
Ses embrassades déposent une suavité
aux émanations chaudes et agréables
Sa langue tourne dans ma bouche et
j’entends des cantilènes étranges
De temps en temps sa peau se recouvre d’une
infime rosée vaporeuse
Mais ici
Son corps délivre une fragrance
indicible de pain brûlé qui exhale
Elle est seins nus les bras en croix
Contre la barricade
Les échardes du vieux bois se plantent
dans sa chair,
Elle est telle un Christ envahie de dures
ronces aux épines acérées qui la déchirent
Elle saigne
Elle ouvre grand sa
gueule elle crie
Ses yeux se révulsent
Signe d’une mort proche
Sur la barricade son cœur cesse de
battre
Et mes yeux cillent sous l’averse qui la bénit
Oh Barricade !
Monday, May 11, 2020
Vers la maison jaune
Vers la maison jaune
Fin de matinée du 20 février 1888, Vincent glisse sous la
faible clarté de cette froide
journée. Sur la plaine, au loin,
au-dessous des nuages, des corbeaux égarés errent, affamés de lumière et de charognes. L’homme
avance d’un pas chaloupé de marin qu’il n’est pas. Ses godillots mal ferrés,
humides et souillés de peinture
claquent sur le chemin désert et silencieux. Il avance rapidement et sa
silhouette légèrement voûtée se profile devant un chiche décor d’arbres
dénudés. Il est modestement vêtu d’une veste de velours noir et d’un
pantalon de drap déchiré au genou. Son visage est caché par un curieux chapeau
de paille hors saison. Il fume une vieille pipe en bruyère au tuyau faiblement
recourbé.
Petit à petit les ruelles apparaissent, bordées de discrètes
chaumières. Vincent est inquiet : Ce nouveau lieu va t-il
l’inspirer ? Ses paysages
seront-ils propices à la création ?
« -Ah ! Vanité des
vanités ! » Crache l’homme en hollandais… Surgissant de nulle part,
un chien jaillit, roux, hirsute, méchant, Vincent agite son chapeau, brandit sa
canne. Le roquet s’enfuit en aboyant. La vie est absurde et désobligeante observe le chemineau, les rues sont
si belles pourtant et les paysages entrevus au-delà des ruelles, bien qu’enneigés
aujourd’hui, promettent tant de beautés à peindre. « Pays dont j’ai tant rêvé
au temps des mangeurs de pomme de
terre », se dit l’artiste qui continue
d’avancer.
Tandis que le soleil insiste
à bouder, la rue de la Cavalerie se révèle enfin. C’est au 30, se rappelle Vincent,
un hôtel-restaurant, chez Carrel. Le
quartier des maisons closes d’Arles est bien triste et sur le pavé peint de neige sale
personne n’attend le client. « Trop tôt ! » raisonne le peintre
en actionnant le heurtoir d’une porte qui fût neuve au temps jadis. Bien vite
un homme se montre, souriant. Vincent le reconnais, c’est bien son ami Christian
Vilhelm Mourier-Petersen, l’artiste peintre Danois. Il est vêtu d’une blouse de
bouvier bleue et d’un pantalon de velours marron, il a un mouchoir rouge noué
autour de son cou et des bottines en cuir aux pieds. Il tend à Vincent une main
maculée de tâches de peinture où le rouge et le jaune dominent.
« Salut Van Gogh, dit l’homme, je t’attendais. »
05 septembre 2018
Christian ALLE
Saturday, May 09, 2020
Quel paillasse casqué de cervelière fabuleuse
Dans les jardins où chatoie la mouche musicale
Autour des riches corolles qui piègent le soleil
Nous jouera les transparences et profondeurs des âmes
Quand dans les estaminets
Où brûlent les légendes
Des vieux les yeux embués de regrets et de songes
Rêvent vacants
En buvant d’étranges décoction sensuelles
Et luxurieuses qui hèlent le voyage
Nous chantera-t’il ce baladin masqué
Quelque mélodie triste et embuée comme une vitre
(où la musique absente gravite dans le vide)
Au lied du cocasse un songe se dessine
Le frimas est venu dans ce jardin clôt
Le saltimbanque trépassé voyage aux enfers
Et les vieillards plus délabrés encore
Somnolent splendides et chimériques
Un pied sur la lisière.
Friday, May 08, 2020
Thursday, May 07, 2020
La buse
Elle tourne et vire
Et décrit des arabesques
Bien au dessous
Au dessous
Des nuages
Me voit-elle
Qui l’observe ?
Ou est-elle désabusée
Indifférente
De l’humain
Qui traîne sous elle
Son ombre de forçat
Elle si légère
Et si lourde
De plumes et de chair
Frêle silhouette
De sienne brûlée
Qui passe
La buse